Ce n’est une surprise pour personne, cette période de crise sanitaire est inédite dans le milieu du sport et véritablement complexe dans nos vies de tous les jours. Si les arbitres Haut-Niveaux continuent tant bien que mal leur activité en sifflant une rencontre par-ci par-là de temps à autre, il n’en est pas de même pour les arbitres Championnat de France, régionaux et départementaux. Pour eux, pas encore de reprise programmée et pas de visibilité sur la suite de la saison – comme un peu tout le monde d’ailleurs… Restant sur place et ne pouvant plus avancer sur les terrains, ils en sont au pas zéro, sans mauvais jeu de mot…
Pause. C’est le mot. Ou « break » pour les anglophones qui nous lisent. Depuis l’annonce de l’arrêt des championnats en octobre dernier, c’est un véritable flou que vivent tous les arbitres du territoire. Si les arbitres Haut-Niveaux et Nationaux continuent d’officier sur le peu de rencontres qu’il y a à diriger, les arbitres allant du niveau départemental au niveau fédéral sont toujours dans l’attente d’une reprise de l’activité qu’ils aiment tant. Nous en avons rencontré quelques-uns, ils nous racontent cette période particulière, pas vécue de la même manière par tous les arbitres.
De son côté, Charles Tournier, arbitre National, nous parle d’une période compliquée, surtout mentalement. Pouvant officier sur les niveaux LF2, NM2, NF1 et Espoirs, il fait partie des chanceux qui ont eu l’occasion de revêtir la chemise noire et jaune fluo juste le temps d’un instant. Aux commandes d’un Chartres – Mondeville mercredi dernier, et malgré un 3e match en quatre mois, l’arbitre francilien était heureux de retrouver les terrains. Si les sensations n’ont pas tellement été au rendez-vous, le point rassurant est qu’il sait toujours à peu près arbitrer : l’arbitrage c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! Il nous livre ses sensations.
« Tu es en « mode robot », toujours en train de réfléchir à ton placement, à ce que tu siffles et à ce que tu laisses jouer. Du coup, le plaisir est là sans vraiment y être car tu ne profites pas pleinement de l’instant. Puis il n’y a pas que les arbitres qui sont hors rythme. Les joueuses aussi. Les entraînements ne suffisent pas. Beaucoup de joueuses sont à contre temps sur certaines actions et elles sont vite dans le rouge… ».
Charles Tournier, arbitre National
Pour Julian Haller, arbitre Fédéral du côté de Mulhouse (Blotzheim pour être plus précis, mais on savait que vous auriez galéré à la lecture…) c’est une période sans matchs qu’il vit depuis de nombreuses semaines, lui qui officie sur les niveaux NM3, NF2, NF3 et CFJ. S’il passe par de multiples émotions comme la tristesse ou la colère, il ressent également beaucoup de sentiments comme de l’incompréhension ou encore des doutes. Il garde cependant espoir que cette situation évolue positivement et espère que celle-ci ne soit que temporaire. En attendant, il reste prêt à reprendre le sifflet et travaille comme si une reprise allait être décrétée incessamment sous peu, ce que l’on espère tous.
« Je travaille beaucoup à partir des questionnaires mensuels proposés par la fédération. Je fais beaucoup de vidéos sur les quelques rencontres de préparation que j’ai eues et celles du début de cette saison. Je fais également beaucoup de QCM par moi-même. Je me sers d’une base de données, je crois que je la connais par cœur ou presque maintenant (rires) ! Cela me permet notamment d’enrichir la lecture du règlement et je crois ne l’avoir jamais fait de façon aussi complète auparavant, faute de temps. »
Julian Haller
Pour le parisien Jérémy Kovaltchouk et le toulonnais Hamza Klai, tous deux arbitres référencés au 3×3 et notamment présents sur l’Open de France 2020 à Nantes, il faut rester positif et continuer à travailler. Et leur passion, leur précision et leur connaissance pour le 3×3, discipline Olympique rappelons-le, ne sont pas leurs seuls points communs. Un discours plutôt similaire, rempli de bienveillance et d’espoir.
« Émotionnellement c’est plutôt positif. Je prends un peu de recul sur tout ça et je m’estime assez chanceux d’être dans la situation dans laquelle je suis » nous déclare Jérémy. Pour Hamza, « la période COVID commence à être compliquée et longue, mais pas le choix. Il faut tenir le coup. J’espère que cela passera vite et que l’on pourra rapidement retrouver le chemin des parquets. Ce qui me manque le plus, c’est le basketball dans sa globalité. Être dans les salles de basket pour arbitrer, jouer ou voir des rencontres, tout ça me manque ! ». Et encore une fois, Jérémy ne peut pas dire le contraire… « Ce qui me manque le plus c’est tous ces week-ends qui passent super vite ! Bon… j’avoue aussi que ma compagne ne sera pas d’accord avec moi car elle ne m’a jamais autant vu sur les week-ends ! (rires). »
Jérémy Kovaltchouk et Hamza Klai
Des discours et des points de vue différents, mais une seule et même passion, placée sous un seul et même mot : l’espoir. Une envie commune de retrouver les parquets dans les différents coins de l’hexagone le plus rapidement possible, afin de transmettre des valeurs de partage, de respect, d’ouverture, de bienveillance, d’empathie, d’écoute et de solidarité ; toutes ces valeurs que l’on retrouve dans notre passion à tous : la balle orange.
© 1re pic : Guillaume Poumarede
Le Service de Formation des Officiels se tient à la disposition de tous les officiels, quelque soit leur niveau, pour favoriser leur reprise sur le terrain. Vous pouvez échanger à l’adresse mail suivante : stoff@ffbb.com