Comme dirait Harvey Mackay, « la pression consiste à devoir faire une chose pour laquelle vous n’êtes pas vraiment préparé ». Ce lundi, l’arbitre international Yohan Rosso était en direct sur la plateforme Never Stop Learning sur le thème « arbitrer sous pressions ». Maniant ce sujet à la perfection en abordant plusieurs points essentiels, le francilien a été imPRESSIONnant (la rédaction a rigolé, excusez-les…), comme à son habitude. Résumé.
Lors de ce Webinaire, Yohann Rosso a distingué deux types de pressions. Les pressions externes, qui concernent les joueurs, les coachs, le public ou l’observateur, puis les pressions internes, qui relèvent plus du mental, comme l’envie de performer ou la gestion des erreurs.
« Je me souviens, lors de mon premier match en tant que Crew Chief (= premier arbitre pour ceux qui ne maitrise pas la langue de Michael Jordan, ndlr) en Jeep Elite, j’ai ressenti beaucoup de pressions ! En prenant du recul, j’ai beaucoup trop pensé aux enjeux du match et je suis passé à côté ! »
Yohan Rosso
Une méthode Rossoesque* !
*ce mot n’existe pas, mais on trouvait ça stylé…
On sait ce que vous allez nous dire, « ouais euuh, comment fait-on pour pallier aux différentes pressions, gna gna gna, gna gna gna… ». Stoppez tout. Le parrain de OFFBB nous explique sa méthode. Yohan aborde l’importance de savoir repérer et gérer les tentatives d’influences. Alors voici le « Tuto Rossoesque » !
Son premier « commandement » est de se préparer physiquement et mentalement, en amont de la rencontre mais pas que ! Il ne faut pas être trop endormi, ni trop vif. Vérifier son niveau d’éveil à l’extérieur de la salle, dans les vestiaires et sur le parquet pour pouvoir se jauger sur le match qui va suivre. Ensuite, il faut libérer le cerveau en automatisant le plus de choses possibles, comme les règles, les protocoles, les critères de jugement, les critères de gestion, blablabla, blablabla, vous avez compris l’idée.
Subséquemment, (et oui, chez Referee Time on enrichi votre vocabulaire) Yohann continue en visualisant et préparant ses yeux. « Pour ma part, à chaque début de match, je me mets en position d’arbitre de centre pour m’habituer aux joueurs, à leur vitesse et je commence à arbitrer dans ma tête. Ce petit moment m’aide pour les prises de décisions que j’aurais a effectuer pendant la rencontre ». Accepter la place de l’erreur, figure sur la liste du natif du 9.4. Vivre dans le présent, juger action après action et avoir l’esprit focalisé sur les prises de décisions.
Il faut comprendre les objectifs et les intentions de chaque acteur et toujours garder en tête que ce n’est pas l’arbitre personnellement qui est attaqué mais que c’est la fonction que vous exercez. Il faut donc prendre un maximum de recul sur ça. Il faut également comprendre ce qu’il se passe pour agir en conséquence et ne pas hésiter à communiquer nos critères de décision. Très souvent, les conflits sont dû à une incompréhension.
Yohan Rosso
Et si maîtriser ses émotions, rester professionnel et prendre le temps de faire les choses (gestuelles, rotations…) sont des points importants, se concentrer sur sa performance et sur soi le sont tout autant. L’arbitre de la finale de la Coupe du Monde de basket en 2019 (on ne va pas vous étaler tout son CV, ce serait beaucoup trop long), met une touche de philosophie stoïcienne dans ses préceptes. En effet nous ne pouvons pas tout contrôler, que ce soit les joueurs, les coachs ou le public. Il faut donc se concentrer sur ce qui dépend de nous, et donc en l’occurrence … nous-même !
« Il faut être sûr de soi ou du moins le paraître. Un coach mental de Jeep Elite disait « La confiance en soi c’est un cercle vicieux, on fait semblant d’être sûr, donc les gens vont nous regarder avec confiance et par ce biais nous insufflent de la confiance et ainsi de suite ». Les pressions font partie du jeux, à nous de se préparer pour pouvoir s’y confronter avec sérénité.
Yohan Rosso
Un entretien où Yohan a partagé son expérience et a apporté un éclairage sur un sujet rarement évoqué. Il termine son intervention par une très belle citation: “Le rire est à l’homme ce que la bière est à la pression !” – ou alors peut-être qu’il n’a pas trop dit ça et qu’on a mal entendu … Bref.